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Un derby ça se gagne ! #VDT21 (Vue du Café)

Le 25.01.2019 par tyfoun

3 mois que le « Vue des tribunes » s'était retiré mais pour ce derby gagné à la 95ème minute, son retour était inévitable. Les lyonnais étant interdits de déplacement, on se donne rendez vous dans une autre tribune, celle du café du coin où la passion n'en est pas moindre. Bon retour dans le VDT !

Un contexte pesant du côté lyonnais

3 mois que le VDT n’avait pas vu le jour, 3 mois que notre équipe transmettait trop peu d’émotions pour générer l'envie d’écrire. Même le nul face à Manchester City ne m’avait pas permis d’écrire tant les déceptions précédentes avaient été fortes. Le besoin de souffler et de prendre de la distance avec ce club qui a inscrit trop peu de « loopings » dans son édition 2018-19 du grand huit des émotions. Il aura donc fallu attendre ce derby acte 2, ce match dans la banlieue lyonnaise pour retrouver l’envie d’écrire quelques lignes sur les joies d’un supporter du football.

Et pourtant, le derby aller avait manqué de saveur, de piquant. Je n’incrimine pas les joueurs pour ma part. J’y vois plus une responsabilité de certains médias nationaux ayant trop voulu faire monter la sauce autour de notre match comme je l’avais expliqué sur la chaîne d’un ami :

Et puis ce derby retour s’annonçait plus excitant. À égalité de points, on en avait presque oublié le match de milieu de semaine face à Toulouse à l’image d’un Nicolas Puydebois qui avait déjà la tête au derby lundi après-midi dans Tant qu’il y aura des Gones. Les joueurs peut-être aussi au vu de la prestation face à l’équipe de la ville rose. Un résultat qui aurait pu faire flancher les supporters, une énième contre-performance qui a privé les joueurs de la présence des groupes de supporters au Groupama Training Center lors de leur dernier entraînement avant le derby. Comme un message envoyé : la dernière chance était passée, que s’ils se loupaient encore, rien ne serait pardonné. Un coup de semonce dont on pourrait à nouveau entendre parler.

Vue du Café

Le déplacement étant interdit c’est vers mon café habituel que je me suis tourné comme bon nombre de lyonnais. Bien sûr ces soirs-là on arrive en avance pour avoir la meilleur place face à la télé. Un peu comme au stade on vise une bonne heure avant le match. Le burger du Groupama Stadium laisse sa place à la planche de rosette et de pâté, le tout accompagné d’une bonne mousse pour s’hydrater. Avant le match on discute de l’actualité lyonnaise, du match face à Toulouse, de l’absence des supporters à l’entraînement, chacun a un peu son avis sur la question mais tous semblent d’accord sur un point, Lyon arrive dans une fin de cycle, du moins pour ce qui est de l’entraîneur. Le match de hand se déroule en fond en attendant que le match débute, et on entendra un habitué glisser « là au moins il y a une équipe qui gagne et qui sait évoluer pour rester au top niveau ».

Puis vient l’heure du match, le gérant coupe la sono pour mettre le son de la télé et le silence se fait dans le bar, si elle s’exprime différemment la tension qui règne est la même qu’au stade. Les estomacs sont serrés et chacun ressent cette envie de ne pas perdre ce derby. Qu’importe les tensions, les désaccords avec le coach en place, on sent que dans la tête de chacun il y a cette envie de vaincre le voisin, de lui repasser devant. Car c’est une première depuis 2014, les stéphanois sont devant nous avant de nous accueillir…

À l’entrée des joueurs on sent que le stade chauffe pour une ambiance de derby, les fumigènes craquent et les joueurs rentrent dans un stade dont l’ambiance serait plus belle avec quelques milliers de lyonnais. Et dès le coup d’envoi les verts montrent qu’ils ont bien observés sur ces derniers matchs, nous attendant en bloc bas. Dans le café ça râle car on sait que c’est le pire scénario pour l’OL. Et très vite les quelques ballons qui partent dans le dos de la défense lyonnaises confirment nos craintes. La pression monte, pas celle de mon verre hein, elle elle descend de façon inversement proportionnelle. Et en dehors de la rosette, il faut attendre la 10ème minute pour pouvoir se mettre quelque chose sous la dent, une première action avec un enchainement puis un lob somptueux de la part de Memphis Depay détourné du bout des doigts par Stéphane Ruffier. Les lyonnais pressent mais ne se procurent pas d’occasions sérieuses, chacun y va de sa remarque, de son responsable. La tension est palpable, chacun voit bien que l’OL est dans la situation où ils finissent toujours par en prendre un. Et c’est le sentiment de répétition insupportable qui tombe lorsque Hamouma smash une tête à bout portant et fait trembler les filets. Le bar se retrouve plongé dans une ambiance sourde pendant quelques secondes avant que l’énervement ne prenne le dessus. Pas seulement sur ce match mais sur ce que produit l’OL depuis le début de l’année.

Les stéphanois sont dans une position idéale, on le sait alors on essaie de faire descendre le niveau de la mousse pour faire descendre le stress mais rien n’y fait. Les ratés incessant des attaquant lyonnais font monter la gronde, plus les loupés s’enchaînent et plus l’ennui se fait pressant. La mi-temps arrive à point nommé, les manques d’envie et de technique lyonnais nous agacent. Le temps de prendre l’air et de débriefer avec les coéquipiers du bar puis on retourne à l’intérieur. Un peu de rosette pour reprendre des forces pour la seconde mi-temps, une deuxième tournée pour s’hydrater sur les 45 dernières minutes. On est prêt à attaquer la deuxième mi-temps en espérant que dans le vestiaire ce ne soit pas à la rosette qu’ils aient tourné.

Au retour des vestiaires l’intensité monte d’un cran puis Stéphane Ruffier s’illustre à nouveau. Dans le bar, ça peste, ça râle. Il est inenvisageable de perdre ce derby, c’est ancré dans nos mœurs on refuse d’envisager la défaite, c’est pour cela que chacun s’énerve, c’est pour cela que s’exprime ce mécontentement. Perdre n’est pas dans notre culture, car Lyon est devenue une ville qui aime la gagne et voir l’OL échouer n’est pas dans nos envies.

Heureusement pour nous c’est Anthony Lopes le « Gone d’Or » qui va enflammer le bar, le gardien se sublime une première fois devant Kahzri aidé par Jason Denayer, puis de nouveau un triple arrêt de classe internationale devant le même attaquant stéphanois. L’euphorie monte, chacun dans le bar ressent. Ce sentiment que perdre est impossible, non, pas ce soir, le vent va tourner chacun le sait. Et le jeu va nous donner raison, Kenny Tete centre, la défense cafouille et sur une frappe de Memphis Depay contrée on voit tous les lyonnais lever les mains. Clairement avec l’angle personne dans le bar n’a vu si il y a main ou pas, mais par contre tout le monde a hurlé pour la réclamer comme si on était au stade, et quand l’arbitre siffle le bar entier saute de joie. S’en suit le stress, ce n’est pas comme si l’OL avait raté 2 de ses 3 derniers penalties... Fekir pose le ballon, je mets la tête dans les bras, je refuse de regarder et c’est l’explosion de joie qui m’apprend le but !

Un derby ça se gagne !

Les Gones sont revigorés, les stéphanois assommés, les actions lyonnaises se multiplient. Oubliez la bière, on n’a plus le temps de la descendre, le regard est attiré par le match, on ne veut pas en manquer une miette. On est carré sur notre chaise, on se mange les ongles et on attend la délivrance. Tous les lyonnais sont dans le camp adverse, seul Marcelo tient les arrières et au vu de sa passivité depuis le début du match ce n’est pas forcément pour nous rassurer. Les verts sont bien en place, une défense organisée qui finalement ne concède que très peu d’occasions franches.

Dans le dernier quart d’heure les lyonnais accélèrent, l’équipe est coupée en deux, le silence se fait petit à petit dans le bar, un silence pesant qui reflète toute l’angoisse de chacun. Les attaques s’enchaînent de part et d’autre, Antho sauve le coup une première fois, puis Stéphane Ruffier empêche les lyonnais de marquer le second but à son tour. Le bar frémit, le chaud puis le froid, la tension monte à son comble. Puis il y a cette parade de notre international portugais devant Loïs Diony suivi du sauvetage sur la ligne de Léo Dubois, dans le café quelqu’un lâche « cette fois on ne peut plus perdre ». Malgré leur désorganisation, les lyonnais ne trompent pas. La défense tient au mental, mais finalement les lyonnais vont assiéger la surface et n’auront plus vraiment à défendre.

Depay nous fait lever le premier avec une frappe seul face au but, mais sa tentative va dans les nuages, je me lève et je ne me rassiérai plus, des fourmis dans les jambes, les pulsations à 120 battements par minute, on a l’impression qu’un sprint est enfin lancé et que tous les lyonnais se précipitent vers Saint-Étienne pour rentrer sur la pelouse pour pousser les Gones. Le bar s’échauffe, les cris d’encouragements ont pris la place du silence. 5 minutes de temps additionnel, 5 minutes pour faire de ce derby un moment croustillant comme les lyonnais les aiment. Memphis s’échappe sur l’aile et centre, mais personne n’est à la réception. Nombreux sont ceux qui pensent à Jimmy à ce moment-là, les lyonnais attaquent d’ailleurs du même côté… et on va être servi. Léo Dubois centre pour  Moussa Dembele et l’international espoir français manque de peu d’offrir le derby de la tête à ses coéquipiers. On pense que tout est finit, que les lyonnais ont cramé leur dernière cartouche, mais dans leur précipitation les stéphanois relancent trop vite, Dubois récupère le ballon et la suite vous la connaissez tous. Tous les lyonnais devant leur télé se sont levés, se sont pris dans les bras et ont fêté la naissance du « petit frère de Jimmy Briand » (Merci Julien Huët).

Images tirées du compte @GonesAways (ça ne veut pas dire que j'étais dans ce bar)

Le coup de sifflet final passé, on refait le match, joie, allégresse et euphorie nous donnent envie d’oublier les derniers soucis, mais le supporter lyonnais sait que les vrais tests seront à venir. L’heure est au réconfort, on a gagné le derby chez les verts et on va en profiter jusqu’au prochain match que l’on reviendra voir dans ce bar du coin où des passionnés viennent voir l’OL jouer depuis des années. C’est aussi là qu’elle s’entretient cette passion, au comptoir du Café du Commerce.

À propos de l'auteur

Cet article a été rédigé par tyfoun, membre du Café du Commerce OL.