Y a-t-il un ADN lyonnais ?
Le 22.02.2023 par NSOL31Si l'Olympique lyonnais a fait rêver des centaines de gamins, allumé des étoiles dans les yeux de milliers de gosses et émerveillé des millions d'enfants, grands et petits, c'est avant tout grâce à un style, un "ADN". Mais qu'est-ce qui se cache derrière cet "ADN lyonnais" ?
Poussière dans l'Univers
Le succès de l'Olympique lyonnais de Sidney Govou face au Racing Club de Lens de Jacek Bąk un soir de mai 2002 a écrit une page tout à fait neuve dans l'histoire du club. Ce match, et les six titres qui lui ont succédé, a consacré le style de jeu à la lyonnaise comme une part intégrante du patrimoine footballistique hexagonal. Avant cela, quoi qu'en pensent certains, l'Olympique lyonnais n'était pas une place forte du football national. Tout au plus une équipe de coupes, capable à l'occasion de se surpasser. Mais aucune équipe n'est vraiment dans le Panthéon footballistique sans remporter de titres marquants. Qui se souvient avec précision du profil footballistique du Toulouse FC de 2007, pourtant troisième du championnat ? Ou de celui de l'AS Nancy Lorraine, quatrième la saison suivante ? En dehors des supporters exclusifs de ces clubs, peu de monde.
Et outre le palmarès, quelque chose de bien particulier s'est inscrit dans l'ADN de l'OL grâce à ces succès nationaux : le jeu à la lyonnaise. Un jeu pas comme les autres, qui interdit désormais à quiconque de faire machine arrière, sous peine de se retrouver cible de l'ire – que l'on ne saura que justifier – des supporters. Désormais, quand on entraîne l'Olympique lyonnais ou quand on y joue, il est nécessaire de se parangonner sur le style de jeu à la lyonnaise.
Ce style, en réalité, n'est pas unique. Car le football, en vingt ans, a bien évolué. Il a été fait de différentes phases et de diverses raisons d'être : les coups de pied arrêtés ont ainsi fait partie intégrante de ce style avant d'en sortir à la suite du départ de Juninho. Mais il y a une forme d'identité commune, comme une poussière dans l'univers footballistique, qui vient définir les différents styles de jeu lyonnais. D'abord, il faut penser à la conclusion, à la finition, au but. Lyon est une ville exigeante, qui ne se contentera jamais du résultat. De la même manière qu'au sommet de la colline de Fourvière ne trône pas une chapelle en bois, l'identité de l'OL fait que viser la victoire n'est pas suffisant. Ensuite, il faut penser à la construction : les matériaux doivent être nobles, c'est-à-dire correspondre à une forme de modèle. C'est peut-être là le point le plus délicat.
Marbre de Carrare
Certains clubs de Ligue 1 échangent leurs joueurs comme d'autres achètent des jeux à gratter. Et inversement, si le "Cash" n'est pas disponible, un "Amigo" fera l'affaire. Cette mentalité ne sied pas à l'Olympique lyonnais : entre Rhône et Saône, les joueurs doivent manifester une identité propre pour pouvoir être accepté au sein de l'Institution. Qui elle, en toute logique, s'engage moralement auprès du joueur. Les retours récents d'Alexandre Lacazette et de Corentin Tolisso au club illustrent sans doute correctement cela, mais c'est bien celui de Dejan Lovren qui illumine le plus ce lien mental entre le club et les joueurs.
Mieux encore, il ne s'agit pas du niveau intrinsèque du joueur qui va définir s'il s'inscrit dans le style lyonnais, mais bien son comportement et ses actions. Ainsi, si Jimmy Briand et Moussa Dembele partagent la caractéristique d'être des héros de dernière minute lors d'affrontement entre l'OL et l'AS Saint-Etienne ; et qu'objectivement, Dembele est un bien meilleur footballeur que Briand ; les supporters de l'Olympique lyonnais ont un attachement sentimental bien plus fort envers "Jimbo". Pourquoi ? Car ce dernier a manifesté à plusieurs reprises, y compris après son départ, son attachement au club. Le style lyonnais prend autant en compte le footballeur et l'humain.
Mais il y a aussi quelque chose d'incroyable, de presque indispensable à toute équipe lyonnaise : la présence d'un joueur fantasque, d'un créateur incontrôlable, d'un visionnaire du jeu, de quelqu'un qui fait rayonner l'équipe par sa seule présence. Juninho, Lisandro, Lacazette, Nabil Fekir, Memphis, Lucas Paqueta, et peut-être demain Rayan Cherki, ont endossé tour à tour ce costume. A Lyon, on aime construire avec du marbre de Carrare.
Et puis enfin, il y a ce quelque chose d'incompressible, d'absolument essentiel pour le véritable style "à la lyonnaise". Ce petit supplément d'âme, c'est l'éclosion de joueurs formés au club. Les joueurs de l'académie font partie intégrante, et cela n'est plus à démontrer, de ce qui rend l'OL différent des autres formations de Ligue 1. De Steed Malbranque à Bradley Barcola, de Jean Djorkaeff à Castello Jr., de Fleury Di Nallo à Alexandre Lacazette, le style à la lyonnaise naît au centre de formation.
Photo principale : Le Progrès