Épilogue d'une saison ratée
Le 27.05.2021 par owaiogDéception, frustration, colère, tristesse... Les émotions sont nombreuses au moment où le chapitre 2020/21 se referme pour l’Olympique Lyonnais. Deux jours après ce final incongru, ce dénouement que personne n’osait imaginer - bien que possible, il est toujours difficile de réaliser. L’OL a bel et bien laissé passer sa chance de retrouver la Ligue des Champions, malgré un faux-pas de Monaco, son adversaire direct. Et, comme souvent, il ne peut s’en prendre qu’à lui-même.
Une histoire de déception
Le premier sentiment qui me vient le dimanche 23 mai, aux alentours de 22h50, c'est d’abord la déception. La déception, car l’OL est passé à côté de son objectif, même si d’aucuns diront que ce n’était pas celui de départ. Le podium, et par extension la Ligue des Champions, restait le dernier objectif jouable pour le club, et sauver ce ticket pour la piste étoilée m’aurait au moins permis de digérer plus facilement la débandade de cette seconde partie de saison. Cela n'a malheureusement pas été le cas, et bien vite, c’est la résignation qui m’envahit.
Résigné, oui, peut-être parce que j’y ai une tendance naturelle, peut-être aussi parce que les événements ont tendance à vous rattraper lorsque vous êtes supporter de l’OL. Les multiples occasions manquées, matches ratés, erreurs en tout genre de ces dernières saisons auront fini par ancrer définitivement en moi le pessimisme ambiant. Les belles promesses de l’automne 2020 se sont vite envolées après un printemps particulièrement laborieux, et chaque nouvel échec semble avoir été inéluctable. Que ce soit l’égalisation monégasque à 2-2 après une sortie hasardeuse d’Anthony Lopes, le troisième but niçois sur un coup-franc d’Amine Gouiri, l’ouverture du score de Nîmes sur une cagade de Marcelo… Chaque événement contraire me fera lâcher un soupir de résignation, le couperet semblant devoir tomber quoi qu’il arrive.
Ainsi, lorsque le coup de sifflet final retentit dans le ciel de Décines dimanche soir, je suis simplement dépité. J’ai mal pour mon club, j’ai mal pour mon capitaine Memphis Depay, j’ai mal pour Juninho, qui comme souvent reste prostré en tribunes de longues minutes. J’ai mal pour nous, supporters, qui constatons une fois de plus l’échec cinglant de cette saison, ou plutôt qui l'encaissons de plein fouet. Non l’OL, n’aura pas réussi à atteindre le dernier objectif qu’il s’était fixé. Et le constat fait très mal.
Frustration²
Les images du sacre lillois atténuent légèrement ma douleur ; un autre club aura tout de même réussi à détrôner le Paris Saint-Germain. Mais très vite, c’est une sensation de gâchis qui s’impose. Un autre club a réussi à détrôner le Paris Saint-Germain. C’est donc possible, et l’OL en aura été incapable. Encore une fois, le constat est terrible pour un club qui se veut être le principal concurrent du PSG en Ligue 1, pour un club parfaitement géré et aux infrastructures faisant partie des meilleures en Europe. Pourquoi l’OL, malgré ce potentiel énorme, ne parvient-il pas à endosser ce rôle de concurrent numéro 1 ? La réponse se trouve peut-être haut placée dans la hiérarchie. Aujourd’hui, le projet sportif est loin d’être clairement défini à Lyon, bien que ce soit certainement l'un des éléments essentiels pour un club de football (le football qui, rappelons-le, est à la base un sport, d’où la notion de projet sportif). Le flou qui règne autour de la succession de Rudi Garcia n’en est malheureusement qu’un indicateur de plus.
La frustration vient donc s’ajouter à ma sensation de gâchis, puisque je sens bien que le club est à un nouveau tournant. Un tournant réel cette fois-ci, le supposé « tournant » de l’arrivée de Sylvinho n’en ayant finalement pas été un. Avec l’alignement des fins de contrat du staff pour l’été 2021, la porte semblait enfin ouverte pour l’arrivée d’un entraîneur porteur d’un véritable projet, qui puisse amener ses idées de jeu et les faire appliquer en s’appuyant sur ses adjoints.
Las, je ne vois aujourd’hui aucun signe laissant augurer d’un tel changement, la direction ne semblant pas accorder l’importance qu’elle devrait à ce choix pourtant stratégique. Les bruits de couloir faisant état du refus net de Jean-Michel Aulas de considérer un entraîneur non francophone achèvent de me convaincre que l’OL est peut-être resté coincé dans la vision qui a fait son succès dans les années 2000. Sans remise en question, sans suivre les évolutions des dernières années, sans placer le football au centre de son projet.
Cette frustration fait ainsi résonner en moi celle qui s’est accumulée tout au long de la saison, celle de voir l’équipe, malgré ses qualités indéniables, passer régulièrement au travers de ses matches. Je ne compte plus les soirées lors desquelles je n’ai pris aucun plaisir devant la prestation de nos joueurs, d’un match à Reims à un autre à Lens, en passant par la réception de Lille – point d’orgue des performances indigentes et du sabordage en règle. Ce soir-là, plus que tout autre soir, le coup sur la tête fut énorme. Après cette défaite, le peuple lyonnais comprit qu’il pouvait ranger ses rêves de place des Terreaux le 23 mai au placard. Et surtout, il comprit que son équipe, son coach sans doute, son directeur sportif peut-être, son projet en général n’avaient pas les épaules assez larges pour assumer un statut de candidat au titre.
Cherche ambitions pour club de football
Le dernier match de la saison n’aura pas permis de dissiper les doutes, au contraire. L’OL part en vacances la tête lourde, honteux d’avoir failli. Du moins, c’est ce que j’espère. Car le manque d’envie, le manque de révolte, le manque de détermination parfois affiché par certains pourrait presque me faire douter. Comment espérer aller plus haut lorsque la culture de l’autosatisfaction, de l’acceptation de résultats à peine convenables est ancrée si profondément dans le club ? Lorsque l’on voit Rudi Garcia ou d’autres louer un « excellent bilan comptable », et assurer en conférence de presse que « le contenu de cette saison ne peut qu’être exceptionnel » ?
Trop de choses auront mal fonctionné cette saison, et l’embellie des mois de novembre et décembre n’aura pas suffi à masquer les manques. Sans coupe d’Europe et avec un seul match par semaine, la gestion du turnover par le coach lyonnais n’aura clairement pas été bonne ; en s’entêtant avec certains choix discutables et avec certains joueurs limités, en faisant plus de politique que de football, son départ ne sera regretté par personne.
Étonnamment, je ressens malgré tout une légère pointe de fierté à l’issue de cette saison ; car si le club n’aura pas été en mesure de rivaliser jusque bout, il fut néanmoins un prétendant sérieux au titre pour la première fois depuis plusieurs saisons. Les belles promesses entrevues au milieu de terrain donnent de l’espoir, et la qualité du travail effectué au sein du centre de formation nous permet de profiter des excellents Maxence Caqueret et Rayan Cherki. Au milieu du marasme, la bouffée d’oxygène est réelle et bienvenue.
La dernière danse de Memphis
Enfin, comment ne pas avoir une pensée pour Memphis, dont le dernier match sous le maillot lyonnais aura presque été à l’image de ses quatre années et demie passées entre Rhône et Saône : décisif par deux fois, volontaire dans le jeu, mais ne pouvant pas faire gagner seul son équipe. La défaite est cruelle pour lui, qui espérait terminer son aventure lyonnaise sur une bonne note. Que l'on aime ou pas le néerlandais, il aura marqué l’histoire du club, et son visage marqué au coup de sifflet final démontre autant sa déception que son attachement à l’OL.
La saison prochaine sera difficile sans lui. Alors, au crépuscule de son passage, je me remémore ses nombreux coups d’éclats. Et je n’ai que deux mots à lui dire : merci, capitaine.