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Un lyonnais au pays du football

Le 08.11.2019 par NSOL31

Le Brésil est indéniablement le pays du football. Toute la journée et toute la nuit, partout, dans les grandes villes comme dans les petits villages, le cœur du pays bat pour le ballon rond. Journal d'un lyonnais expatrié dans la patrie du football.

Bienvenue au centre du jeu

Les brésiliens n'ont pas qu'un seul mot pour désigner le football. Selon que vous jouiez avec vos amis ou dans un match officiel, selon la présence de gazon ou non sur le terrain, et, surtout, selon la présence ou non de chaussures au pied des joueurs, le football change de nom. Jogar uma pelada reste néanmoins indéniablement l'expression la plus populaire pour les amoureux de football désireux de taquiner la balle au son des birimbaos, l'instrument iconique de la si fameuse capoeira. Le mot pelada signifie latéralement « nu », mais ce n'est pas pour autant que les brésiliens disputent des rencontres dans la tenue d'Adam. Au contraire, ces parties non officielles se parent de milles couleurs, celles des clubs locaux et parfois d'autres. Il ne faut pas mentir, le maillot français le plus présent est celui de la sélection nationale, suivi de près par celui du Paris Saint-Germain, quasi-exclusivement des faux de la version Jordan sortie par le club de la capitale.

Mais le maillot lyonnais n'est pas si loin derrière. Dans un des terrains les plus fameux de la capitale Mineira, l'Américo Renné Gianneti, quelques maillots de l'OL viennent de temps à autre épouser les épaules et le torse des joueurs. Joueurs du domingo, oui, mais aussi de tous les autres jours de la semaine. Car quand on commence sa semaine par une partie entre amis, pourquoi s'en priver de segunda à sexta ? Le samedi ne fait pas non plus exception à la règle. Tous les jours, dès le lever du soleil - et le soleil se lève très tôt au Brésil, même en hiver - jusqu'à la tombée du jour et l'extinction des lampadaires, les maillots du Flamengo floqués du nom de Gabigol ou de Gerson se mêlent à ceux un peu plus anciens de Juninho avec l'Olympique lyonnais. Quelques autres brésiliens de l'OL, aussi, font leur apparition sur des maillots. Fred, notamment, qui était à la pointe de l'attaque du Brésil lors du mondial 2014 et qui évolue toujours en première division. Nilmar, également, l'ancien lyonnais fauché par Gomes contre le PSV.

Dans toutes les discussions

Le football est présent dans toutes les discussions au Brésil, et la connaissance des brésiliens du football français est bien supérieure à la réciproque. Beaucoup seraient surpris de la culture footballistique des brésiliens. Le premier contact avec le football arrive souvent avec les chauffeurs de taxi. « De onde você é? »« Da França! »« Ah! Zidane! Thierry Henry! »Certains poussent même le vice jusqu'à mentionner l'ancien juventino Michel Platini. N'hésitez d'ailleurs pas à ajouter un accent difficile à comprendre, surtout sur le nom de la légende d'Arsenal.

Mais dès que l'on rentre un peu plus dans les détails, on découvre une connaissance approfondie des équipes. « De qual equipe você é torcedir? » De quelle équipe es-tu supporter, une question cruciale dans la relation avec les brésiliens. « Olympique Lyon ». Eh oui, l'adjectif « lyonnais » se transforme en un simple « Lyon » au contact de la langue brésilienne, magie des transcriptions de l'UEFA lors des matchs de Ligue des Champions diffusés au Brésil. D'ailleurs, aujourd'hui, l'accès à la Ligue des Champions est facilité pour les brésiliens : la plus prestigieuse de toutes les compétitions est diffusée gratuitement, sur Facebook.

« Ah, Olympique Lyon! Juninho Pernambucano! » « Sim, Juninho! » Le nom de l'ancien artificier de l'OL résonne vraiment dans les oreilles de nombreux brésiliens. Bien sûr grâce à ses exploits sous le maillot lyonnais, mais aussi grâce à ses années à Vasco da Gama, et sa cinquantaine de sélections avec l'équipe nationale. Et ses coups-francs, bien évidemment. Si le nom de Juninho est riche de sens, celui des brésiliens actuels de l'OL l'est beaucoup moins. Marcelo Guedes ne trouve aucun écho, pas plus pour Fernando Marçal. Rafael da Silva s'en tire un petit mieux, mais c'est avant tout Jean Lucas et Thiago Mendes qui, grâce à leurs années au Brésil, sont connus des Brésiliens.

Le temps

Ce sont avant tout les anciens, donc, qui ont la côte au Brésil. Le premier d'entre eux est effectivement Juninho - « Pernambucano », car les Brésiliens aiment préciser, que cela soit pour l'actuel directeur sportif de l'OL ou pour des légendes ultimes comme Ronaldinho « Gaúcho », Adriano « Imperador » ou Ronaldo « Fenômeno » (parfois surnommé Ronaldinho, ce qui ajoute à la confusion). Juste derrière lui, c'est Edmílson, l'ancien du FC Barcelone, qui la côte parmi les lyonnais. Quasiment ex-aeco et avec un léger avantage pour les deux premiers nommés, mais dans des contextes différents, Fred, Nilmar, Sonny Anderson "Sonnygol" et Cris ont une très belle reconnaissance au Brésil. C'est avant tout derrière ces six noms que les brésiliens enregistrent l'Olympique lyonnais.

Les échanges autour du football sont souvent des échanges très riches avec les Brésiliens, car c'est un moyen très simple d'entrer en contact. Sur le plan culturel, le football réunit énormément, et, logé dans un taxi, il n'est pas rare d'écouter religieusement un match de football à la radio et de pester avec le chauffeur sur les occasions manquées par, pourquoi pas, Fred avec le Cruzeiro. Ou, plus vraisemblablement, surtout à Rio de Janeiro, exulter sur les exploits de Gabriel Barbosa et de Giorgian de Arrascaeta sous le maillot du club le plus chéri de tout le Brésil - du monde entier, selon ce que l'on peut lire sur les murs du Gavéa, le centre d'entraînement du Mengão.

Alors si vous vous rendez au Brésil, n'hésitez pas à venir parler de l'Olympique lyonnais à ceux que vous croisez. Tout ce que vous risquez, c'est que l'on vous remémore les grandes heures du club au blason frappé du lion.

À propos de l'auteur

Cet article a été rédigé par NSOL31, membre du Café du Commerce OL.