Bilan 21/22 : L'Europe, presque un monde à part
Le 01.06.2022 par owaiogDisons-le, les satisfactions ont été rares pour l’OL en 2021-22. Parmi elles, la campagne de Ligue Europa et ses airs providentiels laisse finalement un goût amer en bouche, tant l’opportunité semblait belle d’enfin réaliser quelque chose de grand. Mais c’était sans compter sur les failles si souvent aperçues en championnat, qui auront finalement eu raison des ambitions lyonnaises en Coupe d’Europe. Des sommets à la chute, retour sur un épisode à part de la saison des Gones.
D’un tirage favorable…
La saison européenne commence pour l’OL le 23 mai dernier, lorsqu’à l’issue de la 38e journée du championnat 2020-2021, la défaite face à Nice scelle une douloureuse quatrième place. Alors que Lyon espérait retrouver la Ligue des Champions, ce sera finalement une qualification directe pour la Ligue Europa, une compétition qu’on attend malgré tout plus relevée que les années précédentes du fait de l’introduction de la Ligue Europa Conférence.
Un été agité par la nomination de Peter Bosz plus tard, l’OL s’avance fin août vers le tirage au sort de la phase de groupes sans énormes convictions. Le mois d’août a été compliqué (aucune victoire en championnat après trois journées), le style de jeu du néerlandais est encore loin de se faire sentir, et les adversaires potentiels sont de qualité, malgré une place dans le chapeau 1 – l’OL a même le meilleur coefficient UEFA parmi les clubs engagés.
Le sort se révèle finalement plutôt clément avec les Lyonnais, qui se voient opposés aux Écossais des Glasgow Rangers, aux Tchèques du Sparta Prague, et aux Danois de Brøndby. Un groupe abordable sur le papier, qui doit permettre à l’OL de terminer premier plus ou moins facilement, et ainsi s’éviter des barrages au printemps. Car oui, avec la réforme de cette saison et l’arrivée de la Conference League, les premiers de groupe se qualifient directement pour les huitièmes de finale, quand les seconds doivent maintenant disputer des barrages face aux reversés de Ligue des Champions. Avec cette possibilité d’économiser deux matches dans un calendrier déjà chargé, remporter son groupe revêt désormais une importance capitale.
… à une phase de groupes maîtrisée
L’OL débute ainsi par un déplacement difficile à Ibrox Park, antre des Glasgow Rangers, pour un duel qui rappelle certaines des grandes heures du club en Ligue des Champions. Rapidement devant grâce à un superbe but de Karl Toko Ekambi, Lyon doit s’en remettre à plusieurs arrêts d’Anthony Lopes pour rester dans le match et finalement s’imposer 2-0. Deux semaines plus tard, un OL toujours quelque peu irrégulier l’emporte 3-0 à domicile face à Brøndby, champion du Danemark en titre, mais dont les nombreux départs à l’intersaison ont affaibli l’équipe.
Comme à l’automne 2020, le tube de l’automne 2021 s’appelle Karl Toko Ekambi, auteur d’un doublé et d’une passe décisive sur le troisième but d’Houssem Aouar face aux Danois. Avec trois buts en deux matches, le Camerounais est l’atout numéro un de l’Olympique Lyonnais en ce début de campagne.
Il va même récidiver face au Sparta Prague à la mi-octobre, dans un match que les Tchèques démarrent pourtant très fort en menant de deux buts après seulement une vingtaine de minutes de jeu. Mais des réalisations de Toko Ekambi, d’Aouar puis de Lucas Paquetá sur une nouvelle offrande du n°7 lyonnais renversent le match en faveur de l’OL. Toko Ekambi va même inscrire son cinquième but dans la compétition en fin de match, ce qui permet à l’OL de remporter ce match spectaculaire sur le score de 4-3.
Trois matches, trois victoires, une première place avec déjà cinq points d’avance : l’entame est parfaite, et la série va se poursuivre lors de la réception du Sparta pour le match retour. Comme face à Brøndby, les Lyonnais mettent du temps à débloquer la situation, mais un doublé d’Islam Slimani à l’heure de jeu fait finalement plier l’équipe de Pavel Vrba. Entré en jeu à dix minutes de la fin, le Gone Bradley Barcola s’offre sa première passe décisive en pro dans le temps additionnel, afin de sceller la victoire 3-0 et l’invincibilité qui se poursuit.
Avec douze points en quatre journées, quand les Rangers et le Sparta n’en comptent que quatre, l’OL est après ce match assuré de terminer premier du groupe A. Alors que le parcours en championnat reste chaotique (défaites face à Nice puis Rennes notamment), la Ligue Europa est une véritable bouffée d’oxygène pour un OL qui se montre intraitable sur la scène européenne.
Deux matches pour bien terminer
Quelques jours après les incidents d’OL-OM et l’interruption prématurée de la rencontre, Lyon se déplace à Copenhague pour y affronter Brøndby. Au cœur d’une période chargée et avec une première place assurée, Peter Bosz en profite pour faire tourner assez largement son effectif. Malo Gusto fait son retour à droite de la défense, Henrique, Thiago Mendes, Tino Kadewere sont relancés tandis que les jeunes Habib Keita et Castello Lukeba sont titularisés pour la première fois en Europe.
Dans un stade plein et bouillant pour l’occasion, les Danois se montrent dangereux en première période avant de finir par trouver l’ouverture au retour des vestiaires. Mais alors que Brøndby est devant, c’est bien Rayan Cherki, titulaire sur le flanc droit de l’attaque, qui prend la lumière en inscrivant un doublé. Le prodige lyonnais marque ainsi ses deux premiers buts de la saison, permettant à l’OL de reprendre l’avantage, avant qu’Islam Slimani ne parachève un succès 3-1.
Maîtrisé et sans véritable enjeu pour l’OL, le dernier match de poule face aux Rangers s’achève sur un score de parité, 1-1. C’est encore une fois Rayan Cherki qui est décisif, déclenchant l’action amenant au but lyonnais, marqué contre son camp par un défenseur écossais. Ce match sera surtout l’occasion de voir à l’œuvre Julian Pollersbeck dans les buts, ainsi que le jeune Hugo Vogel au poste de latéral droit, lui qui était déjà entré en fin de match à Brøndby. Castello Lukeba, de nouveau titulaire, commence à montrer tout son potentiel, pour finir par ne plus sortir de l’équipe et être l’une des révélations de la saison.
Des espoirs de beau parcours
Au terme d’une phase de poules parfaitement négociée, Lyon peut donc regarder tranquillement se dérouler les barrages entre les deuxièmes de groupes et les reversés de Ligue des Champions. L’OL n’a pas tremblé pour les six premiers matches européens de Peter Bosz à sa tête, avec cinq victoires à la clé et seize buts inscrits. Karl Toko Ekambi, auteur de six buts et deux passes décisives, a été l’un des meilleurs joueurs de l’automne en Ligue Europa. Les derniers matches auront qui plus est permis au coach néerlandais de voir une grande partie de son effectif et de donner du temps de jeu à ses remplaçants et jeunes joueurs.
Pourtant, lorsque le tirage au sort des huitièmes de finale lui désigne le FC Porto comme adversaire, l’OL ne semble pas favori. Vice-champions du Portugal et troisièmes de leur groupe en Ligue des Champions, derrière Liverpool et l’Atlético Madrid, les Dragons ont également écarté la Lazio Rome en barrages avec la manière. De son côté, Lyon a vécu un mois de décembre très compliqué, avant de reprendre des couleurs au début de l’année 2022. Mais des défaites face à Monaco où Lille laissent entrevoir le fragile équilibre de l’équipe.
Le match aller se solde finalement par une victoire 1-0 à Porto des Lyonnais, dans un match au cours duquel la VAR intervient trois fois en leur faveur, d’abord pour accorder le but de Lucas Paquetá, puis pour refuser un penalty aux locaux, avant de leur refuser l’égalisation à la dernière minute. Porté par le parcage lyonnais, l’OL repart du Portugal avec une courte avance au tableau d’affichage. Peut-être intimidé par le statut de club européen de son adversaire, le FC Porto ne s’est pas montré très dangereux et a semblé quelque peu déjouer.
Moussa Dembélé ouvre très vite le score lors du match retour, et si les Portugais égalisent rapidement d’un très beau but, le score ne bougera plus. Avec cette qualification en quarts de finale, les supporters lyonnais se mettent à rêver d’une nouvelle épopée en Coupe d’Europe, à l’image du Final 8 de 2020 ou de la campagne de 2016-17 en C3, arrêtée par l’Ajax d’un certain… Peter Bosz. Le tirage des quarts mettra les Anglais de West Ham sur la route des Gones, avec en cas de qualification la possibilité d’affronter le FC Barcelone ou l’Eintracht Frankfurt.
Plus dure sera la chute
La double confrontation face à West Ham sera finalement celle de toutes les désillusions. On savait l’OL fébrile en championnat, capable de s’imposer avec brio face à Nice ou de tenir tête au Paris SG, comme de prendre l’eau à domicile contre Rennes ou de concéder un nul indigne à Reims. On savait aussi l’OL capable du meilleur en Europe, les huit matches sans défaites en attestant, tout comme la victoire glanée dans le stade d’un des meilleurs clubs portugais et européens.
Le match aller sera malheureusement dans la lignée des nombreuses copies frustrantes rendues par les Lyonnais cette saison. Malgré une très bonne entame de match, avec un penalty qui aurait même pu être sifflé sur Houssem Aouar, l’OL finit par s’endormir et ne plus rien proposer. Les longues séquences de possession ne débouchent sur rien du tout, la profondeur faisant cruellement défaut. L’expulsion d’Aaron Cresswell juste avant la pause laisse l’espoir d’une seconde période plus aboutie, mais une erreur de relance de Gusto additionnée à quelques contres favorables permettent aux Anglais d’ouvrir le score.
L’égalisation de Tanguy Ndombélé n’y changera rien, Lyon repart de Londres avec un match nul et l’impression d’avoir manqué une véritable occasion en ayant joué à 11 contre 10 pendant toute une mi-temps. Alors que tout reste à faire à domicile, les supporters lyonnais y croient et le stade est plein ce jeudi 14 avril lorsque le coup d’envoi est donné. Le début de match est encore une fois plutôt bon, et Karl Toko Ekambi touche le poteau dès la cinquième minute, rappelant son occasion similaire lors de l’élimination face au Bayern lors du Final 8.
Malheureusement, l’OL se remet à jouer sur un faux rythme, manquant d’envie et d’ambition pour bousculer West Ham. Et ce sont bien les Hammers qui en profitent pour assommer l’OL juste avant la mi-temps, d’abord sur un corner où Craig Dawson est libre de tout marquage au premier poteau, puis sur une frappe à l’entrée de la surface de Declan Rice, encore une fois absolument seul. Comme un symbole des difficultés défensives lyonnaises.
De nouveau oublié par la défense, Jarrod Bowen vient même ajouter un troisième but au retour des vestiaires, qui enterre définitivement les derniers espoirs lyonnais. La désillusion est terrible pour les 50 000 spectateurs présents, l’OL ayant montré toute son incapacité à produire un bon match dans un moment important de sa saison, qui plus est dans une compétition qu’il espérait remporter. Déjà distancé en championnat, l’hypothèse d’une qualification européenne en fin de saison s’éloigne encore plus après cette défaite.
So long, partner
Ayant terminé huitième en Ligue 1, l’OL ne retrouvera pas la Coupe d’Europe la saison prochaine. Comme en 2014-15 ou plus récemment en 2020-21, ces saisons sans Europe doivent être des anomalies pour un club comme Lyon et non devenir la norme. La campagne de cette année aura montré que l’OL est toujours une équipe européenne, capable de gagner et de de faire des beaux parcours. Mais la saison éprouvante qui se termine doit pousser le club à se renouveler, à profiter d’une année sans Europe pour se reconstruire, renouer avec ses supportes et revenir à ses valeurs, notamment celles de formation.
L’OL méritait-il de remporter la Ligue Europa cette année ? Le parcours continental aura longtemps été une exception dans la saison morose des Lyonnais, par opposition à l’indigence des prestations nationales. Mais le faible contenu proposé en Ligue 1 aura fini par déteindre sur les matches du jeudi soir – pourtant les plus importants. Alors, l’Europe, un monde à part ? Peut-être pas tant que ça, finalement.